Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/267

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bâtiment commençant à être trop connu, et son signalement étant donné dans toutes les chancelleries ; ce changement opéré, la Chimère et la Yung-Frau se seraient rendues sur la côte d’Afrique ; les équipages et les passagers de tous les bâtiments capturés, réunis sur ces deux navires, vendus aux Bédouins, puis on aurait sabordé et coulé les deux navires ; quant aux femmes prisonnières, elles seraient devenues les victimes de ces misérables. Tels étaient, au dire des matelots, les projets atroces du capitaine des pirates, projets dont seul vous avez empêché l’exécution.

— Dieu lui fasse miséricorde ! dit Olivier ; c’était un atroce bandit, mais il a reçu le châtiment de ses crimes, et s’est fait tuer bravement sur le pont de son navire plutôt que de se rendre. De tout son équipage il ne reste plus que trente et quelques hommes, que je remettrai aux mains de la justice anglaise ; un compte sévère de leur conduite leur sera demandé ; que Dieu ait pitié de ceux-là, car les lois anglaises contre la piraterie sont impitoyables.

— Amen de tout mon cœur ! dit don Diego, ils méditaient de nous soumettre à d’horribles tortures morales et physiques ; mais à présent que je suis à l’abri de leur férocité, je ne demande pas leur mort.

— Quand arriverons-nous à Southampton ? demanda doña Maria.

— Demain peut-être, si le vent se maintient où il est ; après-demain certainement, à moins d’événements imprévus. J’ose espérer que vous accepterez l’hospitalité à mon bord, jusqu’à notre arrivée en Angleterre ?