Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/309

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Mystère !

Olivier et Ivon ne savaient à quel saint se vouer, ils en perdaient presque la tête ; mais, et c’était là pour eux le plus pénible, il leur fallait cacher soigneusement l’inquiétude qui les dévorait et paraître gais et insouciants.

Don Pablo Galvez avait présenté ses hôtes dans les plus riches maisons de Talca ; partout ils avaient reçu le meilleur accueil ; ce n’était que fêtes et tertulias en leur honneur ; tout le monde semblait avoir à cœur de leur témoigner de la sympathie.

Un soir, les deux amis assistaient à une nombreuse tertulia, où l’élite de la bonne société s’était donné rendez-vous ; la contredanse n’avait pas encore, grâce à Dieu ! pénétré en Amérique ; les dames et les jeunes gens se livraient aux gracieuses danses nationales ; la fête était à son apogée, quand un peon placé à la porte du premier salon annonça d’une voix retentissante :

— El señor don Joaquim Muñoz.

Olivier causait en ce moment avec le maitre de la maison et don Pablo Galvez ; il tressaillit en entendant ce nom résonner tout à coup à son oreille ; laissant inachevé ce qu’il disait, il se tourna vivement et examina avec une ardente curiosité l’homme ainsi annoncé, qui, en ce moment, traversait avec une aisance parfaite le salon dans toute sa longueur, pour venir, ainsi que l’obligeait l’étiquette, saluer le maître de la maison.

Don Joaquim Muñoz, ou, pour mieux dire, don Estremo Montès, était un homme entre deux âges : bien conservé, de manières parfaites, et qui aurait