Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/33

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— N’oublie pas ce que tu m’as promis ? répondit le duc avec agitation.

— Ne vous inquiétez de rien ; dans un mois au plus tard, je vous rejoindrai ; mais partez ! partez, je vous en supplie !

— Embrasse-moi et adieu ! Et il ajouta : Adieu à elle aussi !

— Oui, oui, je vous le jure ! Fuyez, fuyez ?

Ils se tinrent un instant serrés sur la poitrine l’un de l’autre, puis Ramillete se dégagea et repoussa brusquement le duc.

— À bientôt ! lui dit-il.

— À bientôt ! répondit le duc d’une voix étouffée.

Et il s’éloigna rapidement.

Ramillete examina froidement les cadavres étendus devant lui, puis il passa à celui de Biscocho, qu’il retourna sur le dos afin de bien s’assurer de sa mort.

— Pauvres diables grommela-t-il entre ses dents, tout en se dirigeant à grands pas vers l’hôtel ; ils faisaient un bien vilain métier ; mais, en somme, ils croyaient accomplir un devoir, tandis qu’ils ne servaient qu’une vengeance ; tant pis pour eux ! ils n’ont que ce qu’ils méritent.

Il terminait cette singulière oraison funèbre en arrivant devant l’hôtel ; il ouvrit doucement le guichet, entra et le referma derrière lui.

À peine avait-il fait une dizaine de pas dans la longue allée plantée d’une double rangée de mélèzes séculaires et conduisant au palais, que Ramillete entendit résonner sur le pavé pointu de la rue le pas cadencé d’une patrouille.

— Hum ? il était temps, murmura-t-il ; un peu