Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/37

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— Très-fâcheux ; un enfant peut-il se passer de nourrice ?

— Ah ! ah ! je comprends !

— Quoi donc ?

– Rien, señor.

— Tant mieux ; il est souvent dangereux de trop comprendre ; mais revenons, je vous prie, à notre affaire je répète ma question.

— C’est inutile ; un enfant peut se passer d’être nourri par une femme.

— Ce qui veut dire ?

— Que, faute de nourrice, on peut faire allaiter un enfant par une chèvre.

— Tiens tiens, tiens ! je n’avais pas songé à cela !

— On peut même, en cas de voyage, mettre du lait chaud dans un flacon, bouché par une éponge.

— Et l’enfant tète ?

— Parfaitement.

— Merci, docteur vous êtes un homme précieux. À propos, j’oubliais, vous êtes nommé chirurgien en chef de l’hôpital de Lima.

— Il serait possible s’écria-t-il avec joie.

— Chose promise, chose due ; vous êtes discret, je vous récompense ; prenez cette lettre.

— Cette lettre ?

— Oui, lisez-la ; elle est ouverte.

— Ma nomination est entre les mains du commandant du San-Pedro, vaisseau de l’État, qui n’attend que mon arrivée à Cadix pour mettre sous voile ; ordre de me rendre à bord ; signé Juan de Ochoa, président de l’audience suprême des Indes !