Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/38

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— Vous connaissez la signature de don Juan de Ochoa ?

— Oui, très-bien, señor.

— Et vous comprenez ?

— Hum ! fit-il avec un sourd mécontentement, je comprends, señor, que vous vous méfiez de moi.

— Erreur, reprit Ramillete avec un fin sourire ; seulement, je ne veux pas vous induire en tentation.

— C’est trop de bonté, dit-il avec amertume.

— Vous êtes un enfant ! reprit l’intendant en fronçant les sourcils ; par ce que nous faisons, vous devriez comprendre ce que nous pouvons faire ; au lieu de vous briser, ce qui nous serait facile, nous vous servons : de quoi vous plaignez-vous ?

— Pardonnez-moi, je suis un niais, dit-il avec un sourire contraint ; je suis battu, c’est bien joué.

— Alors, sans rancune mais n’y revenez pas mon maître, reprit-il avec un accent glacé qui, malgré lui, fit trembler le médecin. Préparez le cordial, il est tard.

Quelques minutes après, l’intendant quittait la maison du docteur Legañez, emmenant avec lui la jeune femme et l’enfant, tous deux endormis.

Au point du jour, après avoir tant bien que mal mis ordre à ses affaires, le médecin partit à franc étrier pour Cadix.

Il avait hâte de tenir sa nomination entre ses mains.

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Le 30 octobre de la même année, le docteur Paul Herbillon, demeurant à Paris, rue Neuve-du-Luxembourg, 14, déposa à l’hospice des Enfants-Trouvés, rue d’Enfer, un enfant du sexe