Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/68

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comme un écureuil, je ne me trompe pas c’est mon compère Galeano !

Et, abandonnant une pratique qu’il tenait par le nez, et à laquelle il donnait le dernier coup de rasoir, il accourut au devant du patron, riant et gambadant comme un singe qui a volé une noix.

– Moi-même, compadre Conejo, répondit le patron, Santas Noches, à vous et à la compagnie, compadre.

— Est-ce que vous venez pour nous aider à défendre la ville contre les hérétiques ? reprit le gros petit homme en ressaisissant au vol le nez de sa pratique.

— Moi ! pas le moins du monde est-ce que la ville a besoin d’être défendue ?

– Vous ne savez donc rien ?

– Ma foi non ; j’arrive del Puerto.

– Apprenez alors que les Français veulent s’emparer de Cadix ; ils se préparent à débarquer cent mille hommes dans la presqu’île de Léon, au lever du soleil.

— Cent mille hommes ! dit-il d’un air ahuri, où diable les prendront-ils ? Entrez, entrez entrez, señor don Carlos, ajouta-t-il en revenant à la porte.

Le jeune homme entra.

Tous les regards se tournèrent aussitôt vers lui avec une vive expression de curiosité, non pas à cause de son costume, qu’il portait fort bien, et qui, riche et de bon goût, n’avait rien de singulier ; mais, ainsi que lui-même l’avait prévu à cause de la barbe longue et touffue qu’il portait entière.

À cette époque, et bien longtemps plus tard