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s’arrête. Il s’est fait en beaucoup d’hommes comme un reflet de Platon, qui est déjà assez beau. Et afin d’imiter un peu la prudence platonicienne, et de soulager l’attention, développons d’abord une idée assez facile. Il se peut que l’homme qui sait se plaise maintenant à cet autre monde ; il se peut qu’on soit forcé de le traîner de nouveau dans la caverne. Il se peut que, de nouveau enchaîné, il ne sache plus d’abord discerner les ombres, et que d’abord il soit ridicule, parmi des captifs qui de longtemps savent si bien tout ce qu’un captif peut savoir. Donc il voudra s’évader encore ; mais c’est ce qu’il ne faut point permettre, sinon juste autant qu’il est utile pour faire revue des idées et ne les pas oublier. C’est ainsi que les chefs, après une guerre, après une croisière, après quelques années d’administration, devraient retourner à l’école, ou plutôt au monastère de méditation, mais non pas pour s’y enfermer à toujours. C’est dire que l’homme doit revenir, et instruire et gouverner, et en même temps s’instruire et se gouverner. Entendons que dans cette ca-