Page:Alcott - Jack et Jane.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
UNE IMPRUDENCE.

sur le sable. Elle se sentait si isolée qu’elle enviait même le sort d’un petit pêcheur qui ramassait des moules sur les rochers que la marée basse commençait à laisser à découvert. Il était pâle, déguenillé ; il avait les pieds nus et la tête couverte par un mauvais chapeau de paille tout usé. Par quelle aberration d’esprit Jane le trouva-t-elle plus heureux qu’elle ?

La pauvre enfant se jeta sur le sable de la grève et se mit à chercher des petites coquilles rosées. Elle était triste. Le bruit monotone des vagues, qu’elle aimait tant ordinairement, lui paraissait lugubre ce jour-là. Un sentiment de solitude l’oppressait.

« Jane ! Jane ! » cria une voix bien connue.

Elle se retourna et aperçu dans une petite barque Jack, Frank et Hughes, « le garçon au vélocipède. »

« Que faites-vous là ! continua Jack.

— Vous le voyez, je m’ennuie. On m’a laissée toute seule et je trouve le temps long.

— Pauvre chérie ! dit Jack touché de son accent plaintif. Venez avec nous.

— Je ne demande pas mieux. Cela ne vous gênera pas ?

— Vous ne nous gênez jamais, Jane, dit Frank à son tour.

— Mais comment ferai-je pour vous rejoindre ?

— Nous nous approcherons du bord et nous vous jetterons une planche. Vous ne mouillerez pas même le petit bout de votre bottine. »

Aussitôt fait que dit. Cinq minutes après, Jane était avec ses amis.

« Où allons-nous ? » leur demanda-t-elle les yeux bril-