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sous le masque


Sur tes tables de laque et sur les étagères
Des pipes aux longs cols, aux fourneaux ciselés
Incrustés de saphirs aux volutes légères
Emprisonnent le vol des songes étoilés

L’une a deux yeux fermés, ainsi que la chimère
Et l’autre est une fresque et la troisième un arbre,
D’autres semblent rêver à des heures amères
Et la cinquième est pâle avec des tons de martre.

Ce bambou frêle vient d’une île orientale
Que balançait le fleuve et que berçait l’été
Et cette lourde pipe aux nuances d’opale
Fut teinte un soir du sang d’un roi décapité.

Cette petite est torse et semblable aux reptiles
Elle cache perfidement parmi ses sœurs
Une âme insatiable invisible et subtile
Qui mord comme un venin le fond même du cœur.