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DONATELLO.

même temps, et tout s’équilibre dans un ensemble plein de simplicité et de richesse.

Cette église de San Lorenzo est vraiment une maison de prédilection de Donatello, une de celles où il travailla le plus, avec un grand et fécond plaisir. Elle était digne d’abriter son cercueil. Ces portes de sacristie, le tombeau de Jean de Médicis, des stucatures pour la voûte représentant les Évangélistes, des bustes de saint Laurent, de saint Étienne, des saints Côme et Damien, les bas-reliefs si tragiques et si puissamment imagés des chaires à prêcher jumelles en forme d’ambons, et d’autres travaux d’ornementation, voilà un notable morceau de son œuvre rien qu’en cet édifice.

Les bas-reliefs des chaires nous fournissent l’occasion, trop différée, de parler encore d’une des faces de cet inépuisable génie : la composition à multiples personnages. Il y déploie une invention dramatique, une couleur pittoresque, une beauté de sentiment non plus résidant en une seule figure, mais répartie entre d’innombrables personnages, un accent, en un mot, fougueux et douloureux qui n’a pas été égalé dans les compositions analogues. Le sculpteur s’y prouve peintre admirable, car il emprunte audacieusement à la peinture ses moyens et ses effets. Il tire des principes de la peinture non seulement toutes les ressources de la composition, mais encore la plus surprenante variété dans la mise en scène, faisant apparaître les paysages luxuriants ou tragiques, les architectures fastueuses et compliquées, d’une invention qui