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DONATELLO.

égale, sinon dépasse les spectacles sévères de la Florence contemporaine, se mêlant avec une éblouissante fantaisie aux évocations des antiques cités disparues. Rien ne nous montre mieux que Donatello, en se cantonnant dans l’art de la sculpture, possède cependant les facultés d’universalité des autres grands maîtres de son pays, et qu’il est impossible de le prendre pour un spécialisé comme un autre.

On ne peut regarder sans un frissonnement ces tableaux de la chaire de San Lorenzo, où le bas-relief, très plat, évoque les scènes les plus tumultueuses, les plus épiques spectacles que l’imagination, déchaînée sur les grands thèmes du Nouveau Testament, puisse concevoir. Dans le Calvaire, au milieu de la douleur affolée des fidèles, et de la frénésie des bourreaux, des anges tourbillonnent au ciel ; dans la Descente de croix, c’est Madeleine éperdue qui se convulse et qui se disloque les bras en arrière, en poussant un grand hurlement de douleur ; et au fond, sur de puissants chevaux d’une étonnante beauté, les soldats romains contrastent avec tout le violent drame par leurs silhouettes impassibles. Sur une autre face ce sont trois scènes non moins troublantes : le Christ dans les limbes ; la Résurrection ; l’Ascension, avec la fulgurante idée de ce Christ qui encore presque au milieu de ses disciples, s’échappe au ciel plutôt qu’il n’y monte, dans un mouvement qu’aucune force ne pourrait retenir.