Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/116

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Sache, tzar, qu'il y a six ans, dans l'année même où Dieu t'a remis le pouvoir souverain, il vint à moi, certain soir, un simple berger, homme de grand âge, qui me confia un secret merveilleux. « Dans mes jeunes années, me dit-il, je devins aveugle, et, jusqu'à ma vieillesse, je n'ai pu distinguer le jour de la nuit. En vain j'eus recours à des simples et aux formules magiques. En vain j'allai prier dans leurs sanctuaires les grands faiseurs de miracles. En vain j'arrosai mes yeux éteints d'eau salutaire puisée aux saintes fontaines. Le Seigneur ne m'envoya point la guérison. Je perdis enfin tout espoir et m'habituai à mes ténèbres. Mes rêves mêmes ne m'offraient plus des choses vues ; je ne rêvais plus que des sons. Un jour, j'étais endormi d'un profond sommeil. J'entends une voix d'enfant ; elle me dit : « Lève-toi, grand-père, va dans a la ville d'Ouglitch, à l'église de la Transflgu« ration. Là, fais une prière sur mon tombeau. « Dieu est clément, et je te pardonnerai. — Qui « es-tu ? demandai-je. — Je suis le tzarévitch « Dmitri. Le roi des cieux m'a admis dans l'esu