Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/142

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J'ai dû rétablir les supplices, l'exil, les disgrâces. Tu peux les suspendre aujourd'hui. Ou te bénira, comme on a béni ton oncle quand il a succédé au Terrible. Avec le temps, et petit à petit, ramène à toi les rênes du pouvoir. A présent, relâche-les, mais toutefois sans les laisser tomber de ta main. Sois gracieux et de facile abord à l'égard des étrangers ; reçois leurs services avec confiance. Garde avec sévérité les constitutions de l'Eglise. Sois silencieux : la voix d'un tzar ne doit pas se perdre en vain dans le vide ; de même qu'un son sacré ne doit annoncer qu'une grande réjouissance. 0 mon cher fils, tu entres dans les années où notre sang est agité par un visage de femme. Garde, garde la sainte pureté et la fière pudeur de l'innocence. Celui qui, dans ses jeunes années, s'habitue à se noyer dans des jouissances impures, celui-là, parvenu à sa maturité, devient farouche, aime le sang, et son esprit s'obscurcit avant l'âge. Reste toujours le maître de ta famille, respecte ta mère, mais que personne ne soit ton maître que toi-même. Tu es un homme, tu es un tzar.... Je


meurs.... Ah !