Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/141

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ne t'aveugle, pas de ton plein gré ; sache que tu reçois le pouvoir dans des jours orageux. Ilest dangereux, ce miraculeux imposteur ; il est armé d'un nom terrible. Moi, rompu depuis longues années à la science du gouvernement, j'ai pu tenir sous le talon la sédition et la révolte. Ils tremblaient tous devant moi, et la trahison n'osait lever la tête. Mais toi, jeune et inexpérimenté souverain, comment gouverneras-tu sous les coups de l'orage ? Comment t'y prendras-tu pour éteindre les feux de la révolte, pour enchaîner la trahison ? Mais Dieu est grand : à la jeunesse il donne la sagesse ; à la faiblesse, la force. Écoute : Avant tout, choisis-toi un conseiller fidèle, d'années froides et mûres, aimé du peuple, respecté des boyards pour sa naissance ou sa gloire.... Chouïski, par exemple. Un chef habile est devenu nécessaire à l'armée ; envoies-y Basmanoff, et supporte avec fermeté les murmures qu'en feront les boyards. Je t'ai introduit dans la Douma dès tes plus tendres années. Tu connais la marche des affaires. N'en change pa9 le cours ; l'habitude est l'âme des empires.