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CONSTANTINOPLE (IV CONCILE DE)


concile a plus de droit à l’œcuménicité que le I er concile de Constantinople (381), dont les membres, au nombre de 150, étaient tous des Orientaux.

Le titre d’universel, le VIIIe concile le mérite aussi par la portée de ses décisions dont plusieurs intéressent la foi et la discipline générale. Ajoutons qu’il s’est attribué lui-même ce titre ; il se nomme constamment : sancta et universalis synodus, àyi’a xa’t oîxouij.svcxyi evvoSoç. L’ôpo ; lu à la fin de la Xe session débute ainsi : Sanclu, magna et universalis synodus quse per divinani voluntatem… congregala est in hac a Deo regia urbe conservanda. Mansi, ibid., col. 179.

Anastase le Bibliothécaire, dans sa préface à la traduction des actes, fait ressortir tous ces caractères d’œcuménicité, et il termine par ces mots significatifs : lta</) ! (’si synodus tantum dicatw, non proprie dicitur ; liabet enini hoc nomen commune cuni aliis numerosis conciliis, si synodus universalis appelletur, ncc sic de hac, quod singularité}’possidcl, prxdicatur ; nani hoc nomine cuni generalibus seplem utitur. Porro si synodus Constanlinopolilana dicatur, non dicetur proprie ; sunt enini et alise Constantinopolitanse synodi. Jam vero si synodus universalis Constanlinopolitana et ortava dicatur, ncc sic définitive nomen ejus prscdicabitur ; non enini. est octava scd quarta synodus eai’um quse Conslantinopoli universaliter celebratse sunt. Nuncupandæst ergo sineomni contradictione synodus universalis octava, ut et appellalio, quant cum septeni altis co71ciliis sortila est, non celetur et nomen proprium, quod singulariter possidet, designetur. Mansi, ibid.. col. 8.

L’Église romaine ayant reconnu ce concile comme universel, les autres Églises occidentales firent de même. On trouve cependant çà et là des auteurs qui ont émis des doutes sur son œcuménicité. Le fait qu’il avait renouvelé les décisions du IIe concile de Nicée sur le culte des images, le rendit suspect à certains théologiens Francs. C’est ainsi que les Annales d’Hincmar de Reims en parlent d’une façon assez irrespectueuse : Synodo congregata quant octavam universalem synodum illuc convenientes appellaverunl… In qua synodo de imaginibus adorandis aliter quant orthodoxi doctores antea definieranl etprofavore Romani pontifias, quieorunt votis de imaginibus adorandis annuit, et quædam contra antiquos canones, sed et contra suant ipsam synodum constituerunt. P. L., t. cxxxv, col. 1267. Mêmes expressions dans Aymon. Haronius, an. 869, n. 66. Le cardinal Deusdedit appelle le concile : synodus pro Ignatio quee a quibusdam octava dicitur. Mai, Nova biblioth. Patrum, t. vii, p. il :  !. D’autres n’ont pas voulu le mettre au nombre des conciles généraux, sous prétexte qu’il ne se serait pas occupé de questions touchant à la foi. Cette idée se fait jour dans un traité de controcontre les tirées composé par des dominicains, au lllie siècle : Dicendum prsetei istas septem universales synodos fuit et unaalia, universalis quidem, sed quia mm agit de articulis /"ici, non ponitur in numéro alium tynodorum ah antiquis Grsecis, sed inter alias, quse locales nominantur. Trac talus de conciliiê alibus, dans Bibliolheca Patrum Lugdunensis, t. XXVII, p. 613. Mais ce sont là des opinions de particuliers ; l’ensemble des i glisi - occidentales accepta ce concile :, u même titre que les autres conciles généraux. Ses canons furent élections cano niqm oit avant soit après Gratien ; le 29 ca non, en particulier, fut souvint cité 80 e., urs de la querelle des investitures au XIe siècle. Cf. Ilergenrother, Photius, t il p. 130-181.

On est quelque peu surpris, après cela, de la conduite

du cardinal Julien Cesarinl an concile de l errare-Flo Il avait demandé aui Grec de lui prêter le livre

du VIIIconcili m uménlque, afin

qu’il put s’en servir pour développer ses preuves ; car.

des deux côtés, on avait décidé qu’on se prêterait mutuellement les documents qui pouvaient être de quelque j secours. Les Grecs refusèrent de lui passer l’ouvrage demandé. Le cardinal s’en plaignit au début de la IVe session, tenue à Ferrare, le 20 octobre l’t38. Marc d’Éphèse répondit que les Grecs n’avaient pas le livre en question, et il ajouta : « Mais quand même nous l’aurions, on ne peut cependant pas nous forcer à compter comme œcuménique ce synode qui n’est pas du tout reconnu. Le synode auquel vous faites allusion s’est tenu contre Photius à l’époque de Jean( !) et d’Adrien. Mais peu de temps après, il s’est tenu un second synode qui a réintégré Photius et a annulé les actes de la précédente assemblée, et ce synode porte aussi le tilre de VIIIe œcuménique… L’Église de Constantinople est fermement décidée à anathématiser tout ce qui a été dit ou écrit aussi bien contre Photius que contre Ignace. » Au lieu de prendre la défense du VIIIe concile, le cardinal Julien répondit simplement : « Nous ne vous demandons pas ce livre pour extraire un passage du VIIIe concile œcuménique, mais parce que nous avons besoin de quelques passages des VIe et VIIe conciles œcuméniques (dont les actes se trouvaient dans le même volume). » Baronius blâme sévèrement le cardinal d’avoir laissé passer sans réfutation la sortie de Marc d’Éphèse contre le VIIIe concile, et il l’accuse de légèreté ou d’ignorance. D’autres trouveront qu’il était prudent d’éviter une controverse sur un point secondaire, afin de ne pas compromettre l’œuvre de l’union. André de Rhodes releva d’ailleurs à la session suivante quelques-unes des inexactitudes de Marc d’Ephèse. Cf. Baronius, an. 869, n. 61-63 ; Mansi, t. xvi, col. 518-520.

La conduite d’Abraham de Crète, traducteur et premier éditeur des actes du concile de Ferrare-Florence, parait moins excusable. Par condescendance pour les Grecs, il donna au concile de Florence le tilre de VIIIe œcuménique. Baronius, loc. cit., n. 64 ; Xoèl Alexandre, Historia eccles., Venise, 1778, t. VI, p. 3’18. Le P. Mathieu Rader, Mansi, t. xvi, col. 516, attaque violemment le Cretois menteur. Son édition avait cependant été confirmée par une bulle du pape Clément VII, qui sans doute ne lit pas grande attention au titre. Les mots octava œcumenica synodus disparurent dans la 2e édition qui se fit sous Paul V. Mansi, dans ses notes sur le passage cité de Noël Alexandre, prétend qu’Abraham de Crète ne mérite aucun reproche, parce qu’il n’a fait que se conformer à la manière de parler des Grecs-Unis, même des plus orthodoxes, et que ceux-ci, en appelant le concile de Florence VHP œcuménique, n’excluaient nullement l’œcuménicité d’autres conciles en dehors des sept premiers.

Que les Grecs-Unis eussent une tendance à ne considérer comme conciles œcuméniques que les sept premiers, cela ne doit pas nous surprendre, puisqu’ils étaient en relations constantes avec les sehismaliques qui ne juraient que par ies sept Conciles. De nos jours, l’Église orthodoxe gréco-slave s’intitule toujours l’Église des sept conciles. Fn cela, elle n’est pas tout à fait d’accord avec plusieurs de ses anciens théologiens ou canonistes. Parmi ceux-ci. les uns. comme Théodore Balsamon, /’. G., t. cxxxvii, col. 1004, ont considéré comme IIP concile œcuménique le conciliabule de 861 qui déposa Ignace ; d’autres, plus nombreux, on ! pi ce titre au conciliabule de 879 qui condamna solennellement, dans n m* session, le concile de B69-870. Tels sont Nil de rhessalonique, Raponsum mi xii Latin.

Cod. Monacensis 28, fol. S84. Sii n de Thessalonique,

Dialogué adv. htsr., P. G. t. clv, col.’.'7. Macaire rl’Ancyre, cité parvllatius, Desynodo Photiana, p, 183 ; Nil de Rhodes, Vbell et Justell.t n. p. 1158 1180 ; Marc d l phèse, Confessio, c. w. /’.’. t eut, col B6 ; Geoi Scholarios, l>* addxiwne ad tymbol., P. G., t. < i,