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DIEU (SA NATURE D’APBÈS LA BIBLE)

et prétendent que Jahvé ne regarde pas leurs oppressions, 3-7. Mais Dieu, créateur des hommes, entend et voit leurs crimes, il connaît la vanité de leurs pensées, 8-11. Jahvé fera que le jugement redevienne conforme à la justice, 15 ; il soutient les opprimés, 16-19, et il châtiera les mauvais juges, 20-23. Pour un psalmiste inconnu, Jahvé est roi, roi des peuples et de la terre, roi de Sion ; son nom est grand et redoutable ; c’est un roi puissant qui aime la justice. Ps. xcviii (xcix), 1-5. Il faut l’exalter, car il est saint le Dieu de Sion, 9. Gloire à Jahvé à cause de sa bonté et de sa fidélité ! Ps. cxiii (cxv) 1. Les nations demandent où est le Dieu d’Israël, 2. « Notre Dieu est dans le ciel ; tout ce qu’il veut, il le fait, » 3. Les idoles d’argent et d’or, ouvrage de la main des hommes, sont muettes, aveugles et sourdes, immobiles et sans parole, 4-8. Jahvé est le secours et le bouclier d’Israël qui peut mettre en lui sa confiance, 9-11. et il continuera ses bienfaits, 12-14. Il a fait les deux et il a donné la terre aux hommes, 15, 16.

Est-il vrai que « l’intervention de l’Assyrie dans les affaires des peuples palestiniens obligea les prophètes à regarder bien loin au delà des frontières d’Israël et à concevoir du monde et de l’humanité, par conséquent de Dieu, une idée plus large et plus profonde, » comme le pense M. Loisy ? La religion d’Israël, p. 63. Cela ne veut pas dire, comme l’a prétendu Renan, Histoire du peuple d’Israël, Paris, 1889, t. ii, p. 465, que « le Jahvé national n’avait qu’une manière de se sauver, c’était de devenir le Dieu universel. » Jahvé avait toujours été le Dieu universel, tout en étant le Dieu spécial d’Israël. Il continua de garder la primauté absolue qui lui appartenait auparavant. Mais l’horizon politique s’étendant, les rapports d’Israël avec les conquérants assyriens firent mieux comprendre le gouvernement providentiel de Jahvé sur les nations. Le Dieu tout-puissant et juste suscitait ce nouveau peuple, parce que tout ce qui se passe dans le monde arrive par sa volonté ; il lui permettait d’opprimer Israël, parce que celui-ci n’avait pas été fidèle à son Dieu, lui avait préféré des idoles, ne l’avait pas honoré comme il voulait l’être et n’avait pas obéi à sa loi. L’unité divine ne résulta pas de ces conceptions. Si elle n’avait pas été admise auparavant en Israël, elle n’aurait pas été gérée par la nouvelle situation politique. Beaucoup d’autres peuples ont eu à souffrir des Assyriens et n’ont pas fait cependant un pas vers le monothéisme ; ils sont demeurés fidèles à leurs dieux nationaux. Toutefois, les succès de l’empire assyrien voulus par Jahvé étaient une occasion de manifester plus nettement aux yeux de tous la providence divine, de mieux marquer on caractère moral et de donner une idée plus complète des rapports de Jahvé avec son peuple et avec l’humanité. Les événements politiques de l’époque ont servi à développer l’idée de Dieu en Israël par la prédication morale des prophètes. Cette idée ne se transforme pas, elle s’élève seulement et s’élargit.

Sous le règne de Manassé, fils d’Ézéchias, l’idolâtrie reprit en Juda avec une nouvelle recrudescence. Ce roi impie restaura les hauts-lieux et releva les autels de Baal, que son père avait détruits. Il alla plus loin et dressa des autels idolâtrique dans le temple même de Jahvé à Jérusalem. II (IV) Reg., xxi, 2-9. En punition de ce crime, Jahvé fit annoncer par ses prophètes la ruine de Jérusalem, 10-15. Amon imita son père et abandonna Jahvé, le dieu des ancêtres, 20-22. Mais le pieux roi Josias marcha sur les traces de David, xxil, 2. Après la découverte du Deutéronome, il renouvela l’alliance avec Jahvé ; et il extirpa l’idolâtrie du milieu de Jérusalem, xxiii, xxiii, 3-14, et il renversa l’autel de Béthel, 15-20. En véritable Israélite, il honora Jahvé de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces et observa fidèlement la loi que Moïse donnée au nom de Jahvé, 25. Néanmoins, Jahvé punit Juda à cause des crimes que Manassé lui avait fait commettre, 26, 27 ; xxiv, 3, 4. D’ailleurs, la masse du peuple n’avait pas été convertie ; l’esprit idolâtrique fut seulement comprimé pendant quelques années et le vrai culte de Jahvé, consistant dans l’amour de la justice, ne fut pratiqué que par la minorité. La vengeance divine est prédite par les prophètes contemporains de Josias, Sophonie et Jérémie.

Au viie siècle, Sophonie, prophète de Juda, proclame la justice terrible de Jahvé, qui frappera la terre entière, i, 2, 3, et d’abord Juda et les habitants de Jérusalem, du milieu desquels il fera disparaître les derniers restes d’idolâtrie, en punissant ceux qui n’ont point cherché ni honoré Jahvé, 4-6, les chefs, qui ont abusé de leurs richesses, 8-12. Le jour de Jahvé est proche, 7 ; il sera terrible, 14-18. Pour y échapper, il faudrait se conformer à la règle ; pour éviter les effets de la colère divine, il faudrait chercher Jahvé, pratiquer sa loi, chercher la justice et l’humilité, ii, 1-3. Mais Jérusalem est rebelle à Jahvé, qu’elle n’a pas écouté ; elle ne s’est pas laissé instruire ; ses chefs sont mauvais, iii, 1-4. Jahvé est juste au milieu d’elle ; il ne fait pas l’iniquité ; tous les matins, il établit son jugement, 5 ; c’est pourquoi il exterminera les coupables, pour se faire craindre par eux et les amener à se laisser instruire, 6, 7. Son jugement s’étendra à tous les peuples contre qui il prononce des menaces, ii, 4-10, 12-15. Il se fera craindre d’eux ; il fera périr tous leurs dieux, et tous les hommes l’adoreront, 11 Il rendra leur lèvre pure pour qu’ils invoquent son nom et le servent avec un zèle unanime, iii, 9-10. Jérusalem elle-même, débarrassée de ses vantards arrogants, sera un peuple humble et modeste, qui mettra son espoir dans le nom de Jahvé. Ces survivants d’Israël ne commettront plus l’iniquité, ne proféreront pas le mensonge et leur langue ne sera plus trompeuse, 11-43. Que Sion se réjouisse ! Jahvé sera son sauveur et son restaurateur, 14-20. Le jour de Jahvé, pour Sophonie, est donc le jour où Dieu assurera le triomphe de sa justice sur l’iniquité dans le monde entier, même en Juda. Celui-ci triomphera, mais après que les arrogants auront été exterminés, et le reste sera constitué par les humbles. Ce prophète montre donc le caractère moral de Jahvé dans toute sa rigueur. Cf. Duhm, op. cit., p. 222-228 ; Van Hoonacker, op. cit., p. 501-502.

La prophétie de Nahum, contemporain de Sophonie est dirigée contre Ninive, ii, 4-iii, 19. sans que la ruine prédite de cette ville soit attribuée à Jahvé mais justifiée par la conduite de cette ville à l’égard d’Israël. La vengeance divine n’est donc pas affirmée directement. Mais le psaume alphabétique du début, i, 2-ii, 3, caractérise Jahvé sous deux aspects. C’est un Dieu jaloux, promps à la colère et à la vengeance à l’égard de ses adversaires ; il met en œuvre les éléments de la nature et rien ne peut résister à son courroux, i, 2-6. Mais il est bon pour ceux qui espèrent en lui : il est leur refuge au jour de la détresse. Il connaît ceux qui ont recours à lui et il les protège contre leurs ennemis, 7, 8. Israël coupable sera lui-même puni. Jahvé extirpera du milieu de lui les images sculptées et les idoles fondues. Son peuple sera détruit, mais pour être restauré, i, 13, ii, 8. Cf. Duhm, op. cit., p. 218-219.

Jérémie commença son ministère prophétique sous Josias, en même temps que Sophonie et Nahum, Dieu l’avait connu avant sa conception et l’avait sanctifié avant sa naissance en vue de la mission qu’il voulait lui confier, i, 5, et pour l’accomplissement de laquelle il le fortifie, 6-10. Il veillera a la réalisation de ses projets, 12. A l’égard de Juda, Jérémie est chargé de lui reprocher ses fautes, en particulier, son idolâtrie, 16, et de lui en prédire le châtiment. Dieu soutiendra son prophète, qui sera seul à lutter contre tout son peuple, 19. Comme Osée, Jérémie considère les rapports de