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LA VRAIE MAÎTRESSE LÉGITIME


Sur un éclat de rire approbateur de son mari (ou de son amant ? j’ignorais encore), la jeune femme reprit, avec une assurance non dénuée de culot, le récit de leur aventure :

— D’abord, moi, quand j’étais jeune fille, il y a une phrase qui revenait souvent dans la conversation des personnes graves et qui m’intriguait beaucoup. Les personnes graves répétaient à mi-voix et avec des petits airs pudiques et idiots : « On ne doit jamais se conduire avec sa femme comme on se conduit avec sa maîtresse. » Dans mon vif désir de m’instruire, je m’informais : « Comment se conduit-on avec sa femme ? Comment se conduit-on avec sa maîtresse ? » Et il fallait voir la tête ahurie des bonnes femmes ! Au fond, je crois qu’elles n’avaient, sur ce sujet, que des notions très superficielles. Alors, elles me faisaient des réponses flasques et mucilagineuses : « Eh bien ! mon enfant, voici :