Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/112

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les messieurs tiennent, devant leurs maîtresses, des propos qu’ils ne doivent pas tenir devant leur femme… Les messieurs vont avec leurs maîtresses dans des endroits où ils ne doivent pas amener leur femme », etc., etc… J’avais beaucoup de peine à me payer de ces raisons, et un jour je faillis flanquer une attaque d’apoplexie à une grosse dame pudibonde, en lui demandant froidement : « Est-ce que les messieurs embrassent leurs maîtresses d’une certaine façon qu’ils ne doivent pas employer avec leur femme ? » À part moi, je me disais confidentiellement : « Toi, ma petite amie, quand tu seras mariée, tu prieras ton mari de te traiter en femme légitime d’abord, et puis ensuite en maîtresse », me réservant, bien entendu, de choisir le mode de traitement qui conviendrait le mieux à mon tempérament.

— Vous parliez, approuvai-je chaudement, en femme libre et débarrassée de tout préjugé mondain.

— Oh ! vous savez, les préjugés mondains ! étant toute petite, je m’asseyais déjà dessus.

— Mais continuez, je vous prie, madame, le récit de ce qui vous advint par la suite.

— Malgré ma détestable réputation dans le monde, je me mariai tout de même et j’épousai Fernand, ce mauvais sujet-là. N’est-ce pas, Fernand, que tu es un mauvais sujet ?

— Détestable, mon petit rat, et combien répré-