Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

analogie physique : un observateur digne de ce nom pourrait constater, chez ces deux hommes, le même enjouement, une équivalente exaspérabilité.

Pas plus de rancune chez l’un que chez l’autre : le dos tourné, ils n’y pensent plus.

Lecteur lointain, si jamais tu rencontres Auriol, n’oppose aucun barrage au torrent de ses assertions, si chimériques qu’elles te semblent ; tu serais traité, sur l’heure, à toi seul, de tas de m………! ou de espèce de t….. ! grossièretés purement décoratives, ne signifiant aucunement que tu vis de libéralités féminines ou que tu entretiens avec les gens de ton propre sexe des relations coupables.

Laisse passer l’orage et, bientôt, Auriol te reconnaîtra, de la meilleure grâce du monde, un gentleman tout à fait incapable de la plus mince turpitude.

Pour ce qui est de l’enjouement, Auriol rendrait des milliards de points à des cages entières de ouistitis en goguette.

Pas fier pour un sou, Auriol n’admet l’existence d’aucune barrière sociale, mondaine ou autre, et vous l’étonnez prodigieusement avec vos ça ne se fait pas, quand il aborde un gros monsieur riche (complètement inconnu de lui et fumant un gros cigare) avec ces mots :

— Vous n’auriez pas son frère ?

Neuf fois sur dix, d’ailleurs, le gros monsieur riche, un peu interloqué, tire de sa poche un pur