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LE FERRAGE DES CHEVAUX

Et, timidement, Cap reprit :

— Vous n’avez rien à faire cet après-midi ?

— Rien, jusqu’à six heures.

— Qu’est-ce que vous diriez qu’on aille faire un tour jusqu’au tourne-bride de la Celle-Saint-Cloud ?

— Pourquoi non ?

Cap et moi, nous avons tout un passé dans ce tourne-bride.

Que de fois le petit vin tout clair et tout léger qu’on y dégustait trancha drôlement et gaiement sur les redoutables American drinks de la veille !

Comme c’est loin, tout ça ! et à jamais parti ! Et tant mieux !

Il régnait tout le froid sec désirable pour une excursion dans les environs Ouest de Paris.

Notre petit tricycle à pétrole de la maison X… (case à louer) roulait crânement sur la route.

Nous avions à peine franchi les fortifications qu’au cours de je ne sais quelle causerie, le Captain Cap crut devoir comparer son gosier à une râpe, à une râpe digne de ce nom.

J’eus pitié.

Le caboulot où nous stoppâmes s’avoisinait d’une ferrante maréchalerie.

Des odeurs de corne brûlée nous venaient aux narines, et nos tympans s’affligeaient des trop proches et trop vacarmeuses enclumes.

Il y avait trop longtemps que Cap n’avait piétiné l’Europe. Je le laissai dire :