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DEUX ET DEUX FONT CINQ

— Il faut vraiment venir dans ce sale pays pour voir ferrer les chevaux aussi ridiculement.

— Vous connaissez d’autres moyens, vous, Cap ?

— D’autres moyens ?… Mille autres moyens, plus expéditifs, plus pratiques et plus élégants.

— Entre autres ?

— Entre autres, celui-ci, couramment employé dans les prairies du centre d’Australie, quand il s’agit de ferrer des chevaux sauvages, des chevaux tellement sauvages qu’il est impossible de les approcher.

— Vous avez vu ferrer des chevaux à distance ?

— Mais, mon pauvre ami, c’est là un jeu d’enfant.

— Je ne suis pas curieux, mais…

— Rien de moins compliqué pourtant. Les maréchaux-ferrants de ce pays se servent d’un petit canon à tir rapide (assez semblable au canon Canet dont on devrait bien armer plus vite notre flotte, entre parenthèses). Au lieu d’un obus, ces armes sont chargées de fers à cheval garnis de leurs clous. Avec un peut d’entraînement, quelque application, un coup d’œil sûr, c’est simple comme bonjour. Vous attendez que le cheval galope dans votre axe et vous montre les talons, si j’ose m’exprimer ainsi… À ce moment, pan, pan, pan, pan ! vous tirer vos quatre coups, si j’ose encore m’exprimer ainsi, et voilà votre mustang ferré. Alors, il est tellement épaté, ce pauvre animal, qu’il se laisse approcher