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LES BEAUX-ARTS DEVANT M. FRANCISQUE SARCEY

faire pour la peinture ce que j’ai fait pour la sculpture.

» Je me rends aux sollicitations de mes aimables correspondants, d’autant plus volontiers que telle était mon intention première.

» Je vous expliquais, dans ma dernière chronique, que la sculpture est un art facile et à la portée du premier imbécile venu : vous-même, moi-même.

» La peinture, c’est une autre paire de manches !

» Songez-donc : il faut que l’artiste vous donne avec cette chose plate qu’est un tableau, l’illusion d’objets plus ou moins près, plus ou moins loin.

» L’illusion du lointain se donne grâce à la perspective.

» Vous n’êtes pas sans avoir remarqué qu’un objet paraît plus petit s’il est loin, que s’il est près ; et plus il est loin, plus il est petit. Cette illusion d’optique est due à ce qu’on appelle la perspective

» Quand vous vous placez à l’entrée d’une rue droite et longue, pour peu que vous soyez observateur, vous remarquerez que les lignes, parallèles dans la réalité, semblent se rejoindre au bout de la rue. Eh bien ! c’est encore de la perspective.

» La perspective est une science très délicate qu’il n’est pas permis à un peintre d’ignorer, alors que le sculpteur n’a même pas à s’en préoccuper.

» Quand un peintre a un tableau à faire, paysage, portrait, scène historique ou mythologique, etc., etc., il commence par se procurer une toile ad hoc, c’est-à-dire