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DEUX ET DEUX FONT CINQ

une toile tendue très fortement sur un châssis en bois.

» Avant de placer les couleurs sur la toile, il détermine la place qu’elles devront occuper, grâce à des contours qu’il marque avec du fusain (lequel n’est autre qu’un petit morceau de bois carbonisé).

» C’est cette opération qu’on appelle le dessin.

» Quand le sujet est dessiné, il ne reste plus qu’à le peindre.

» Le peintre prend alors sa palette et ses pinceaux. (Ces messieurs ne disent pas des pinceaux, ils disent des brosses : je n’ai jamais su pourquoi. Fantaisie d’artiste, sans doute.)

» La palette est une planchette de bois arrondie et munie, à son extrémité, d’un trou pour passer le pouce. On y place, les unes à côté des autres, les différentes couleurs : bleu, jaune, brun, etc., etc.

» Il ne faut pas croire que toutes les nuances soient représentées sur cette palette. Ce serait impossible ; car s’il n’y a que sept couleurs, il existe des milliers de nuances intermédiaires.

» Ces nuances, l’artiste les obtient par un mélange habile d’une couleur avec une autre, et là n’est pas son moindre mérite.

» Une supposition, par exemple, qu’un peintre veuille représenter un paysage à la fin de l’été, au moment où les feuilles commencent à jaunir.

» Il n’emploiera pas, bien entendu, le vert qui lui aurait servi au fort de la saison. Il y ajoutera du