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DEUX ET DEUX FONT CINQ

Je n’ai pas grandi d’une ligne dans la sympathie de mes Anglais. Ces messieurs ne se gênent vraiment pas assez. Décidément, ce ne sont pas de véritables gentlemen.

Et puis, je m’endors du pur sommeil de la brute avinée.

Quand je m’éveille, il fait petit jour, je jette un coup d’œil sur mes compagnons de route.

O délire ! Ces trois muffs sont des poitrinaires, tuberculeux au dernier degré !

Dès lors, ma liesse ne connaît plus de bornes.

À la hauteur d’Avignon, un radieux soleil inonde notre car, et j’éprouve un plaisir extrême à contempler la mine blafarde de mes insulaires pignoufs, leurs pommettes rouges, leurs yeux creux, leurs ongles qui s’incurvent et leurs oreilles qui se décollent.

D’Avignon à Marseille, mon voyage n’est qu’un Éden ambulant.

Ça leur apprendra à être polis.


… Cet accès de sauvagerie anglophobeuse (épisodique, d’ailleurs) est de la bien petite bière auprès du mot que j’ai entendu ce matin à Menton.

Le capitaine Kermeur, de Saint-Malo, dont le bateau est au radoub à Marseille, a profité de ses deux ou trois jours libres pour faire un tour à Menton.

— Quel sale cochon de pays, hein ! fait Kermeur.