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NOTES SUR LA CÔTE D’AZUR

— Vous trouvez ? Moi, je ne suis pas de votre avis.

— Eh bien, moi, je suis du mien, d’avis. S’il me fallait vivre dans cet ignoble patelin de mocos, j’aimerais mieux me f… à l’eau, tout de suite !

— Vous êtes sévère, Kermeur !

— Mais, enfin, vous n’allez pourtant pas comparer ce pays à la Bretagne ?

— Je ne compare jamais, Kermeur. Chaque contrée a son genre de beauté, voilà tout !

— Ah ! vous n’êtes pas dur, vous !

— Mais, dites-moi, Kermeur… Si ce pays vous dégoûte à ce point, que venez-vous donc y faire, alors que rien ne vous force à y venir ?

— Ce que je viens y faire ?

À ce moment, la physionomie de Kermeur revêt une expression double de joie excessive et de férocité peu commune :

Je viens voir crever des Anglais !

Et, en disant ces mots, Kermeur a le rictus bien connu du tigre qui rigole comme une baleine…


… Toulon, vingt-trois minutes d’arrêt.

Une jeune femme, très gentille, ma foi ! qui n’a pas entendu, me demande :

— Pardon, monsieur, c’est bien Toulon, ici ?

Au lieu de lui répondre simplement : « Oui, madame », je ne puis résister à la tentation de faire un calembour idiot :