Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/51

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Il fallait que le Père Éternel fût fort en colère pour employer cette triviale expression, Lui d’ordinaire si bien élevé.

— Envoyez-moi le bonhomme Noël, tout de suite ! ajouta-t-Il.

Et comme personne ne bougeait :

— Eh bien ! vous autres, ajouta Dieu, qu’est-ce que vous attendez ? Vous, Paddy, vieux poivrot, allez me quérir le bonhomme Noël !

(Celui que le Tout-Puissant appelle familièrement Paddy n’est autre que saint Patrick, le patron des Irlandais.)

Et l’on entendit à la cantonade :

Allo ! Santa Claus ! Come along, old chappie !

Le bon Dieu redoubla de fureur :

— Ce pochard de Paddy se croit encore à Dublin, sans doute ! Il ne doit cependant pas ignorer que j’ai interdit l’usage de la langue anglaise dans tout le séjour des Bienheureux !

Le bonhomme Noël se présenta :

— Ah ! te voilà, toi !

— Mais oui, Seigneur !

— Eh bien ! tu me feras le plaisir, cette nuit, de ne pas bouger du ciel…

— Cette nuit, Seigneur ? Mais Notre-Seigneur n’y pense pas ! C’est cette nuit… Noël !

— Précisément ! précisément ! fit Dieu en imitant, à s’y méprendre, l’accent de Raoul Ponchon.

— Et moi qui ai fait toutes mes petites provisions !…