Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

conversation que nous eûmes naguère, relativement à des œufs ?

— Parfaitement !… Des œufs de harengs saurs, n’est-ce pas, que Casimir Périer s’amusait à faire couver par des autruches empaillées ?

— Non, pas ceux-là. Je veux parler des œufs de poules.

— Des œufs de poules ?

— Oui, des œufs de poules. Vous ouvrez d’énormes prunelles… Ignorez-vous donc que la poule soit ovipare ?

— Non, Cap. Tout jeune, je fus initié à ce détail.

— Vous souvenez-vous pas qu’un jour j’admirais devant vous… (admirer au sens latin du mot : mirari, s’étonner) j’admirais que les marchands d’œufs fussent assez idiots pour ne pas vendre très cher, et tout de suite, leurs œufs frais, au lieu d’attendre — ainsi qu’ils font — que ces mêmes œufs aient perdu de leur fraîcheur en même temps et de leur valeur ?

— Je me souviens, Cap.

— C’est heureux… Savez-vous, avec ce système-là, ce qui est arrivé à un de mes amis ?

— Je brûle de l’apprendre.

— Mon ami entre, hier soir, chez un fruitier. Il demande un œuf très frais, tout ce qu’il y a de plus frais, pour gober avant de se coucher.

— Excellent coutume.

— Mon ami rentre chez lui… D’un coup sec de