Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/88

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fût un véritable orang-outang, un authentique homme des bois, ou simplement qu’il s’appelât, de son vrai nom, Auguste ?

Pour l’âme limpide de Cap, nul doute ne savait exister.

Il s’agissait de démontrer que ce singe ridicule ne s’appelait pas Auguste, de toucher les 500 louis et d’aller faire sauter la banque à Monte-Carlo !

Ah ! mon Dieu, ça n’était pas bien compliqué !

Et Cap ne cessait de me répéter :

— Je ne sais pas, mais quelque chose me dit que cet orang ne s’appelle pas Auguste.

— Dam !

— Pourquoi dam ? Ce sale gorille n’a pas une tête à s’appeler Auguste.

— Dam !

— Allais, si vous répétez encore une seule fois ce mot dam, je vous f… un coup d’aviron sur la g… !

Tout ce qu’on voudra sur la g…, hormis un aviron ! Telle est ma devise.

Je n’insistai point et nous parlâmes d’autre chose.

Le soir même, Cap filait sur Antibes, regagnant son yacht, le Roi des Madrépores, et je demeurai une grande quinzaine sans le revoir.

Un matin, je fus réveillé par de grands éclats de voix dans mon antichambre : le clairon triomphal du Captain ébranlait mes parois.

— Ah ! ah ! proclamait Cap, je les ai, les preuves, je les tiens !