Page:Allart - La Femme et la democratie de nos temps.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
65

la puissance au dehors marche avec l’énergie au dedans. La constitution anglaise a changé plus d’une fois de face. Si l’aristocratie fixa aux champs de Runnemede les droits du peuple, elle n’eut, ni avant ce temps-là, ni depuis, une grande autorité ; les Plantagenets et les Tudors furent absolus ; Elisabeth, comme ses prédécesseurs, s’efforça d’étouffer la voix du parlement ; les Stuarts firent couper les oreilles de ceux depuis 1688 que le jeu de la constitution s’est établi comme il est. L’aristocratie et le commerce ont pris toujours plus d’autorité ; bien qu’une partie de la grande aristocratie, d’abord infidèle aux Stuarts, se soit, en s’y rattachant, ruinée dans les élections contre le gouvernement, et ait vendu ses terres à une noblesse nouvelle, de banque ou de commerce (où M. Pitt choisit un trop grand nombre de pairs), cet accident commun aux aristocraties n’arrêta pas l’influence croissante ; l’aristocratie devint plus puissante et moins respectée, tandis que la boutique fut le rêve du peuple. La petite propriété étant négligée, les terres se réunirent dans des mains toujours moins nombreuses, et d’immenses charités secoururent la surabondance de population que l’accroissement des richesses produisait. Aujourd’hui, la population surabondante réclame une manière d’existence moins humiliante ; les habitans des villes veulent une plus grande portion d’action.

Les Danois, les Portugais, les Français ont eu dans les Indes des établissemens qui ont péri ou ne sont rien ; l’Angleterre a donné les siens à une compagnie qui a fait une fortune énorme et qui a conquis les Indes : aujourd’hui la compagnie est congédiée, l’Inde acquise. L’aristocratie a fait en quelque sorte pour l’Angleterre ce que la compagnie a fait pour les Indes ; doit-on, peut-on la congédier de même ? Cette nation qui entreprend des choses fortes a organisé tout for-