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tement : défrichant les terres australes, elle y fonde la grande propriété, qui facilite la culture ; n’oublions pas la petitesse de l’île, ses travaux, sa discipline ; on ne fait les grandes choses qu’avec de grands efforts et de grands moyens ; la question est profonde : quand un héros s’est emparé de la France et, exerçant son génie guerrier avec le peuple le plus guerrier du monde, a soumis l’Europe, l’aristocratie anglaise, seule de taille aux circonstances, n’a pas plié ; les autres nations, préparées pour des résistances ordinaires, ont été broyées sous le char du soleil ; l’aristocratie anglaise, égale au prodige, a ranimé l’Europe, donné son sang, son or, fait ralentir l’univers de son courage et de son éloquence ; les flots qui baignent ses rivages ont bien secondé son génie, mais il faut attribuer plus encore à cette école savante et fière qui mit en avant la hauteur et l’habileté.

Cette île fragile occupe des postes sur tous les points du globe ; elle a préparé l’avenir, la politique, les lettres d’un continent ; maîtresse des îles importantes dans les quatre parties du monde, elle possède aux Indes un million de sujets, et en protége un autre million. Quand on soumit à l’aristocratie de Venise quatre millions de sujets dans le Levant, cette aristocratie, étonnée de sa conquête, y renonça et encouragea les entreprises particulières. L’aristocratie anglaise ne s’étonne de rien, ne refuse rien, suffit à tout. Active au dehors, tandis que ses marchands puritains ornaient les idoles de Jagrena et le char sous les roues duquel se précipitent les Indiens fanatiques, elle demandait les Açores à don Miguel, habitué à payer au dehors la puissance par la morale et le sang. Ici c’est le caractère avide et froid de la nation qui fait le triomphe ; l’absence de passion, de générosité, de sympathie ; le mépris, faute d’intelligence, ne sont pas les qualités de l’aristocratie seule, mais du pays entier ; et quand l’empereur