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ritant des autels. Quand Bacon, entraîné par les bassesses de la cour, l’influence des valets, qui étaient les maîtres sous Jacques Ier, les longues difficultés que l’envie opposa à sa carrière, et une ambition si noble d’abord qu’il ne fallait pas moins que ce règne pour la corrompre ; quand Bacon s’égara[1], il n’en méritait pas moins le respect pour son génie, sa vie laborieuse, ses expériences scientifiques, ses découvertes, sa puissance presque divine qui le plaçait au dessus des hommes ; le roi reste sur un trône qu’il ruine et précipite, et Bacon est puni ; le roi meurt en paix, et Bacon meurt de chagrin, disant : « Je laisse mon nom et ma mémoire aux nations étrangères. Et à mes concitoyens après quelque temps. »

Si les descendans des vrais rois durent rougir de se trouver si indignes d’eux, les rois nouveaux, héros après l’action, ne doivent-ils pas rougir aussi ? Le Roi des Français a répondu à la voix du pays qui cherchait un sauveur dans des circonstances dangereuses, il était Français et de race ; mais Léopold en Belgique ! mais Othon en Grèce ! Quels rois ridicules ! Ne le sentent-ils pas ? Osent-ils recevoir les hommages de soldats qu’ils n’ont pas commandés, de peuples qu’ils n’ont pas affranchis ? Le jour viendra où un juste sentiment de ridicule rendra aux rois la pudeur ; on aura honte de porter un diadème sans l’avoir mérité ; un autre Léopold se retirera modestement en désignant des Flamands plus dignes que lui ; un autre Othon, avec un front rougissant, s’inclinera devant les héros grecs, en suppliant son père de ne pas l’accabler de confusion ; il lui dira : « Irais-je régner sur ces guerriers, descendans des dieux, qui viennent, suivis de leurs palikars superbes, discuter

  1. Il s’est égaré d’ailleurs beaucoup moins qu’on n’a d’abord prétendu.