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ANTHOLOGIE POÉTIQUE FRANÇAISE
- Dont le ciel m'a voulu punir ;
- Et savez bien aussi que je ne vous demande,
- Étant loin de ma dame, une grâce plus grande
- Que d'aimer sa mémoire, et m'en entretenir.
- Dites-moi donc sans artifice.
- Quand je lui vouai mon service,
- Faillis- je en mon élection ?
- N'est-ce pas un objet digne d'avoir un temple,
- Et dont les qualités n'ont jamais eu d'exemple,
- Comme il n'en fut jamais de mon affection ?
- Au retour des saisons nouvelles
- Choisissez les fleurs les plus belles.
- De qui la campagne se peint ;
- En trouverez-vous une où le soin de nature
- Ait avecque tant d'art employé sa peinture.
- Qu'elle soit comparable aux roses de son teint ?
- Peut-on assez vanter l'ivoire
- De son front, où sont en leur gloire
- La douceur et la majesté ?
- Ses yeux, moins à des yeux qu'à des soleils semblables,
- Et de ses beaux cheveux les nœuds inviolables,
- D'où n'échappa jamais rien qu'elle ait arrêté ?
- Ajoutez à tous ces miracles
- Sa bouche, de qui les oracles
- Ont toujours de nouveaux trésors ;
- Prenez garde à ses mœurs, considérez-la toute ;
- Ne m'avoûrez-vous pas que vous êtes en doute
- Ce qu'elle a plus parfait, ou l'esprit, ou le corps ?
- Mon roi, par son rare mérite,
- A fait que la terre est petite
- Pour un nom si grand que le sien ;
- Mais si mes longs travaux faisaient cette conquête.
- Quelques fameux lauriers qui lui couvrent la tête,
- Il n'en aurait pas un qui fût égal au mien.
- Aussi, quoique l'on me propose
- Que l'espérance m'en est close