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près de la mort pour en faire l’objet de ses réflexions, on oublie que son image s’offre sans cesse aux hommes, dans la plénitude de la jeunesse et de la santé et sur son lit de douleur on accuse les autres d’une folie qu’on a partagée (1).

Pour le malade l’exercice de sa profession est suspendu, le cours de ses affaires arrêté, l’application au travail interdite : à peine se souvient-il de ce qu’il a appris, et ses connaissances sont inutiles dans sa mémoire, comme ses livres fermés dans sa bibliothèque. Alors toute l’intelligence d’un homme de génie, toute l’attention du plus grand savant s’applique aux particularités de son mal ; il tiendra compte du plus minime changement de sensations un breuvage nouveau à prendre est un événement qu’il méditera toute une journée ; il prête l’oreille à la sonnette qui annonce le médecin, écoute le bruit du balancier de la pendule, regarde sa montre, étudie les meubles de sa chambre, converse mentalement avec les portraits suspendus près de son lit, et s’amuse à reconnaître les voix des crieurs publics qui, à certaines heures, reviennent chaque jour sous ses fenêtres.

Qu’il est pénible d’assister au délire de celui dont naguère les facultés étaient si vives et si pures !


(1) Idée de vérité.