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DEUXIÈME PÉRIODE

tant que ces imaginations vives, délicates, remplies d’idées riantes. Si vous joignez la force à l’agrément, elle domine, elle force l’âme et l’entraîne : car nous cédons plus certainement à l’agrément qu’à la vérité. L’imagination est la source et la gardienne de nos plaisirs. Ce n’est qu’à elle qu’on doit l’agréable illusion des passions. Toujours d’intelligence avec le cœur, elle sait lui fournir toutes les erreurs dont il a besoin ; elle a droit aussi sur le temps ; elle sait rappeler les plaisirs passés, et nous fait jouir par avance de tous ceux que l’avenir nous promet ; elles nous donne de ces joies sérieuses qui ne font rire que l’esprit : toute l’âme est en elle ; et, dès qu’elle se refroidit, tous les charmes de la vie disparoissent.

Parmi les avantages qu’on accorde aux femmes, on prétend qu’elles ont un goût fin pour juger des choses d’agrément. Beaucoup de personnes ont défini le goût. Une dame d’une profonde érudition (Mme Dacier) a prétendu que c’est « une harmonie, un accord de l’esprit et de la raison », et qu’on en a plus ou moins, selon que cette harmonie est plus ou moins juste. Une autre personne a prétendu que le goût est une union du sentiment et de l’esprit, et que l’un et l’autre, d’intelligence, forment ce qu’on appelle le jugement. Ce qui fait croire que le goût tient plus au sentiment qu’à l’esprit, c’est qu’on ne peut rendre raison de ses goûts, parce que l’action de l’esprit qui consiste à considérer un objet était bien moins parfaite dans les femmes, parce que le sentiment qui les domine les distrait et les entraîne. L’attention est nécessaire ; elle fait naître la lumière, pour ainsi dire approche