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DEUXIÈME PÉRIODE

grand homme a causée dans les sciences est sûrement plus utile et est peut-être plus mémorable que celle des plus grands empires, et l’on peut dire que c’est à Descartes que la raison humaine doit le plus : car il est plus aisé dé trouver la vérité, quand on est une fois sur ses traces, que de quitter celles de l’erreur. La Géométrie de ce grand homme, sa Dioptrique, sa Méthode, sont des chefs-d’œuvre de sagacité qui rendront son nom immortel, et s’il s’est trompé sur ces quelques points de physique, c’est qu’il était homme, et qu’il n’est pas donné à un seul homme ni à un seul siècle de tout connaître.

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RÉFLEXIONS SUR LE BONHEUR

Je dis qu’on ne peut être heureux et vicieux, et la démonstration de cet axiome est dans le cœur de tous les hommes. Je soutiens même aux plus scélérats qu’il n’y en a aucun à qui les reproches de sa conscience, c’est-à-dire de son sentiment intérieur, le mépris qu’il sent qu’il mérite et qu’il éprouve dès qu’on le connaît, ne tienne lieu de supplice. Je n’entends pas par scélérats les voleurs, les assassins, les empoisonneurs. Ils ne peuvent se trouver dans la classe des gens pour qui j’écris. Mais je donne ce nom aux gens faux et perfides, aux calomniateurs, aux délateurs, aux ingrats, enfin à tous ceux qui sont atteints des vices contre lesquels les lois n’ont point sévi, mais contre lesquels celles des mœurs et de la société ont porté des arrêts d’autant plus terribles qu’ils sont toujours exécutés.