Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/9

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t-elle que ces pauvres sous-maîtresses ne peuvent être ni jolies ni propres ? qu’elles auront les ongles en deuil et seront brouillées avec le savon ? N’est-il point possible d’écrire sans se barbouiller d’encre ? Mme Delphine de Girardin écrivait toujours vêtue de blanc. Devons-nous nous imaginer que la mignonne et spirituelle Gyp, la sémillante Étincelle gardent à leurs doigts des traces de leur plume ?

Et si elles n’étaient pas des femmes instruites, aurions-nous le plaisir de les lire ?

Parce qu’on a rencontré, une fois en passant, une « pédante » ridicule et laide, on en conclut que la laideur et le ridicule sont le partage de la femme savante : bien des ignorantes sont aussi laides et ridicules ; elles le sont même davantage que les autres, et je puis garantir que parmi les femmes d’esprit et les jeunes filles qui passent leurs examens chaque année, il y en a grand nombre de fort jolies et même… ayant recours aux raffinements de la parfumerie !

Être jolie semble être, dans un certain monde, un devoir auquel une femme ne doit jamais faillir. C’est une dette qu’il faut qu’elle paie aux yeux. Si la nature ne l’a point faite belle, tant pis, elle apprendra à l’être, elle se fera une beauté factice. Quand on est jeune c’est encore facile ; mais le temps est impitoyable, il arrive implacable, mettant des pochettes sous les yeux, et sous le menton, des creux qui n’ont rien des mignonnes fossettes de l’enfance, des teintes singulières aux cheveux. « Fi ! que c’est laid ! Éloignez ce portrait ; plutôt la mort, mille fois ! » entends-je s’écrier la Paulette de « Autour du mariage ». Oui, il y en a qui préfèrent la mort ! Cependant, si elles étaient plus