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à la violente domination des royaumes de l’Orient. À côté des zélateurs de la loi apparaissaient les amateurs de nouveautés, partisans des mœurs et des coutumes de la Grèce. À dater de la conquête d’Alexandre (323), les Juifs de la Palestine furent soumis tantôt aux Ptolémées d’Égypte, tantôt aux Séleucides de Syrie. Le dernier des Séleucides, Antiochus Épiphanes (175), dont le caractère ambitieux, cruel et impie, avait été prédit par Daniel[1], poussa si loin la violence de ses mesures pour gréciser les Juifs, qu’il voulut, contre toute forme légale, leur imposer un grand-prêtre, qu’il traita de rebelles tous ceux qui faisaient de l’opposition ou qui montraient du zèle pour la loi, et que, maître de Jérusalem, il fit brûler les livres saints, profaner le sanctuaire, et voulut contraindre les Juifs à adorer les dieux de la Grèce. Ce prince, ivre de fureur, semblait avoir résolu l’anéantissement de la nation en profanant son temple. Mais cet attentat, religieux et national à la fois, ralluma le zèle des Juifs, les précipita dans une lutte désespérée, où ils firent preuve d’un véritable esprit national. Mathathias, de la race sacerdotale des Asmonéens, commença l’insurrection ; il jura que, tout le monde devrait-il abandonner la loi de ses pères et se soumettre aux ordres d’Antiochus, lui, ses enfants et ses frères resteraient fidèles à la loi de leurs ancêtres[2]. Ses cinq fils devinrent les chefs du peuple dans la longue guerre qu’il soutint contre les Syriens. Ce fut surtout le courage de Judas Machabée et de Jonathan qui renouvela l’antique renommée du peuple de Dieu, et lui conquit l’admiration de Sparte et de Rome[3]. Les victoires de cette race de héros firent déclarer au peuple « que Simon serait leur chef et leur souverain pontife pour toujours, jusqu’à ce que s’élevât parmi eux le Prophète véritable[4]. » Démétrius, successeur d’Antiochus Épiphanes, reconnut Simon comme prince indépendant, et Judas fut en paix tant que vécut ce grand homme ; chacun put cultiver son champ dans la joie, s’asseoir sous sa vigne et son figuier ; Simon orna magnifiquement le sanctuaire, augmenta le nombre des vases sacrés, étendit les limites de sa nation, et sa puissance et sa gloire furent agréables aux

  1. Dan. VII, 7.
  2. 1 Mach. II, 19 et 20.
  3. 1 Mach. XIV, 16.
  4. Mach. XIV, 41.