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Le contact des Juifs avec les pythagoro-platoniciens d’Alexandrie donna naissance à une philosophie religieuse toute particulière, qu’Aristobule, le premier, formula d’une manière remarquable (vers 160, av. J.-C.), mais qui ne fut complètement systématisée que par le Juif Philon[1] (vers 40 apr. J.-C.). Il tend surtout à harmoniser le judaïsme et le paganisme, en cherchant à pénétrer plus avant dans la connaissance de la révélation mosaïque et à la concevoir plus spirituellement que les Juifs. De là son exégèse allégorico-mystique, et l’admission des idées et de la contemplation platoniciennes. Pour conserver dans toute sa spiritualité l’idée de Dieu, qui semble ne pouvoir entrer en contact avec le monde matériel, il admet des êtres intermédiaires, émanés de Dieu, et se manifestant dans des formes de plus en plus dégradées (λόγος, λογόι). Les hommes pratiques de cette secte philosophique et religieuse paraissent s’être répandues très au loin en Égypte. La plus célèbre de leurs réunions ascétiques est celle des Thérapeutes (vers le lac Mœris, non loin d’Alexandrie)[2], qui, comme plus tard les anachorètes, vivaient de pain et d’eau, jeûnaient souvent, et demeuraient isolés dans des cellules (σεμνείοιϛ, μουαστηρίοιϛ). Philon fait venir leur nom de θεραπεια Θεοὓ ; d’autres de θεραπεια ψυϰῆς : les deux explications caractérisent complètement la tendance des thérapeutes.

Les Juifs restés en exil, comme ceux qui, plus tard, ne pouvant reconquérir leur indépendance nationale, se dispersèrent parmi les peuples de la terre, furent les instruments de la Providence, dans le plan divin de l’éducation de l’humanité. Fondus au milieu des nations dont jadis

  1. Philonis Opp. Francof., 1691, in-f. ; ed. Mangey. Lond., 1742, 2 t. In-f. ; ed. Pfeiffer. Erlang, 1785 sq., 5 t. in-8 ; et Staudenmaier, Philosophie du Christianisme, ou la Métaphysique de l’Écriture sainte. Giessen, 1840, 1er vol., p. 360, 462. On y trouve exposé avec clarté tout le système de Philon. Biblioth. sacra Patr. Lipsiæ, 6 t. Grossmann, Quæstiones Philoneæ. Lipsiæ, 1829. Maier. Comm. sur l'Évang. de S. Jean, t. I, p. 117 sq.
  2. Les principales sources dans Philon, de Vita Contempl. Cf. Euseb. Hist.ecclesiast. II, 17, qui regarde les thérapeutes comme des chrétiens. — Bellermann, Essai histor. sur les esséniens et les thérapeutes. Berlin, 1821. — Sauer, De essenis et therapeutis. Vratisl., 1829. — Dœhne. Exposé hist. de la philosophie judaïco-religieuse d’Alexandrie. Halle, 1834, 1re part., p. 439.