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les Juifs attendaient le Messie promis avec une impatience que redoublait chaque jour la tyrannie des successeurs d’Hérode et des gouverneurs romains ; le joug de Rome surtout leur était odieux. Ils avaient tellement l’espoir d’en être délivrés, ils l’annonçaient si hautement, que les païens, et les Romains principalement, en eurent connaissance, et s’en étonnèrent d’autant moins qu’eux aussi, gémissant sous la tyrannie nouvelle des empereurs, ayant perdu toute croyance religieuse, dédaignant le culte de leurs pères, désiraient ardemment un libérateur qui mît un terme à leur incertitude, guérît leurs plaies, calmât leurs angoisses, et leur rendît espoir et confiance en Dieu[1].

Tel était donc le triste spectacle qu’offrait partout, sous le point de vue religieux et moral, l’empire romain, sans même en excepter la Palestine. L’homme privé de Dieu, ou plutôt éloigné de Dieu[2], attendait néanmoins partout le Désiré des nations, comme l’avait prédit le Prophète, et comme, chaque année, l’Église nous le rappelle, quand elle entonne durant l’Avent l’hymne antique : Rorate, cœli, desuper, nubes pluant Justum ! Le Verbe éternel n’avait jamais cessé d’agir dans le monde, et de répandre sa vie et sa lumière sur l’humanité déchue ; mais le monde ne l’avait pas compris[3] ; ni les siens, ni les Juifs, ni les païens ne l’avaient reçu et n’avaient porté encore des fruits de vie.

C’est alors que le Fils de Dieu quitta les demeures éternelles de son Père, se fit homme, pour vivifier, réconcilier, libérer, éclairer, sanctifier les hommes, et conduire, par sa grâce et sa vérité[4], toute chose à leur fin éternelle. « Le Christ, dit saint Augustin, apparut aux hommes au milieu d’un monde vieux et mourant, pour vivifier et rajeunir tout ce qui se flétrissait et tombait autour d’eux. » Au-dessus de toutes les étoiles, s’écrie dans un pieux et profond enthousiasme saint Ignace d’Antioche, saluant la venue de l’Homme-Dieu ; au-dessus de toutes les étoiles du ciel brillait une étoile d’une ineffable lumière, d’une merveilleuse pureté. Les astres du firmament, le soleil et la lune formaient autour d’elle un chœur éblouissant ; mais

  1. 1 Pierre, II, 25.
  2. Ephes. II, 1, 5, 12.
  3. Jean, I, 5, 9, 10, 11.
  4. Jean, I, 12-14.