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un véritable breuvage[1]. » Alors aussi, arrivé au terme de sa vie terrestre, il soutint, comme au commencement de sa carrière publique, une lutte terrible contre les infirmités de la nature humaine[2].

Pendant cette agonie douloureuse, les : pharisiens, le conseil des prêtres et le peuple, conspirant sa mort, se disaient : « C’est un blasphémateur ; et en même temps ils l’accusaient de haute trahison auprès du gouverneur Ponce-Pilate[3]. Amené devant lui et interrogé s’il est le Christ, s’il est roi : « Je le suis, » dit-il ; car désormais il parle ouvertement et sans parabole[4].

On le bafoue, on le conspue ; il souffre les tourments les plus cruels ; il meurt sur la croix, priant pour ses ennemis[5], répandant son sang pour la rémission des péchés et la réconciliation de l’humanité avec Dieu[6]. La nature frappée de terreur s’émeut, les rochers s’entr’ouvrent, la mort vaincue rend ses victimes. Le rideau du Saint des saints se fend du haut en bas ; le paganisme reconnaît le vrai Dieu : « En vérité, cet homme était un juste, c’était le Fils de Dieu[7]. » Une voix mystérieuse se répand au loin à travers les mers : « Le grand Pan est mort, » et l’on entend des soupirs mêlés à des cris d’admiration[8]. Joseph d’Arimathie, membre du grand conseil, ne craint plus les hommes ; il réclame hardiment le corps de Jésus auprès de Pilate. Les prophéties s’accomplissent tout entières : « On lui réservait la sépulture de l’impie ; il a été enseveli dans le tombeau du riche[9]. »

  1. Jean, VI, 56.
  2. Matth. XXVI, 37 sq.
  3. Jean, XIX, 12.
  4. Matth. XXVI, 63-64 ; Jean, XVIII, 37.
  5. Luc, XXIII, 34.
  6. Matth. XXVI, 28 sq. ; 2, Cor. V, 18 ; Rom. IV, 25.
  7. Matth. XXVII, 51 sq. Cf. Luc, XXIII, 47 sq.
  8. D’après le récit de Plutarque ( vers 120 ap. J.-C.), de Oraculorum defectu (Opp. ed. Reiske, t. VII, p.651). Plutarque rapporte plus loin que cet événement fut connu aussitôt à Rome, et que l’empereur Tibère fit faire une exacte enquête à ce sujet. Conf. Natal. Alex. Hist. eccles. sæc. I. cap. I, art. V. Tacit. Annal. XV, 44. « Auctor nominis ejus (sectæ christianorum) Christus qui, Tiberio imperante, per procuratorem Pontium Pilatum supplicio adfectus erat. » Voy. la note (*) § 27.
  9. Isaïe, LIII, 9.