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§ 45. — Saül persécuteur. — Paul apôtre des Gentils.
Hug. Introd. au N. T. T. H. — Tholuck, Vie, caractère et langue de Paul (Mélanges, vol. II, ρ. 272-329). — De la vocation, des souffrances et de la persécution de l’apôtre S. Paul. (Feuille périod. de Bonn, nouv. série, IV. 1843, livr. 1-3).

On avait remarqué, durant la première persécution et la lapidation d’Étienne, le zèle cruel d’un jeune pharisien : c’était Saül, citoyen romain, de Tarse, en Cilicie, de la tribu de Benjamin. Après avoir été instruit dans les lettres et dans les sciences grecques, fort cultivées alors à Tarse par les hellénistes, il était devenu plus tard pharisien à Jérusalem, et avait été initié par Gamaliel aux hautes spéculations de la théologie judaïque. Il était fabricant de tentes, et ses travaux manuels n’avaient nullement refroidi son amour pour l’étude ni son enthousiasme pour la science. Son ardeur naturelle et le zèle de sa secte le poussèrent à persécuter les chrétiens (an 37 apr. J.-C.)[1]. Il allait à Damas dans cette intention, quand le Christ, qu’il avait connu personnellement durant sa vie mortelle, lui apparut[2]. Le persécuteur de l’Église devint un des plus puissants propagateurs de sa doctrine[3] et l’Apôtre des nations.

Il dut paraître étonnant, sans doute, que Dieu choisît, comme apôtre des superbes Romains, des Grecs civilisés, des Syriens efféminés, de toutes les nations corrompues de la terre, un Juif si zélé pour la gloire de sa nation et les traditions de ses pères, un pharisien aussi dur qu’emporté. Et cependant cette élection fut une preuve manifeste de la sagesse suprême : elle fit éclater dans toute sa plénitude la vertu du Christianisme et les mystérieux décrets de la Providence. Il fallait que le prédicateur de l’Évangile parmi les païens fût un Juif, afin qu’il eût son point d’appui dans les synagogues, d’où le Christianisme se répandait dans les villes, et qu’il pût fonder l’alliance nouvelle sur les bases de l’ancienne alliance. Il fallait de plus qu’il agît

  1. Act. VIII, 3.
  2. 1 Cor. IX, l ; 2 Cor. V. 16.
  3. Act. IX.