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Juifs, que le Messie établirait sur la terre un royaume plein de gloire, et, se fondant sur des traditions très-contradictoires, et qui contredisaient en même temps le reste de ses opinions idéalistes et gnostiques[1], il attendait, au second avènement du Christ, un règne de mille ans. Cette opinion appelée le Chiliasme (ou Millénarisme)[2] fut adoptée plus tard par beaucoup de chrétiens sur une fausse interprétation du ch. XX, v. 2, 3, et surtout 6, de l’Apocalypse, mais probablement dans un sens plus pur, ainsi qu’on le voit, par exemple, dans saint Irénée qui entendait, par ce règne, une préparation à la béatitude[3].

Enfin, tandis que la doctrine des Ébionites s’attachait particulièrement au fait de l’apparition corporelle de la nature humaine de Jésus, une opinion contraire, conforme à celle des Alexandrins sur la matière, comme siège du mal, prit alors crédit : elle consistait à ne considérer que comme une apparence tout ce qui était corporel dans le Christ, cette opinion erronée se fondait sur cette autre erreur, que l’absence du péché en Jésus ne pouvait se concilier avec un corps réel. Les apôtres s’étaient déjà prononcés avec force et indignation contre une folie qui menaçait de réduire toute la vie de Jésus en une histoire fantastique. La réfutation du Docétisme est aussi un des points principaux des lettres apostoliques de saint Ignace[4].

Selon-saint Irénée, les Nicolaïtes[5] s’accordent en partie avec Cérinthe, en partie avec les gnostiques, apparus plus tard. Ils prétendaient se rattacher, quant à leur origine, à

  1. Selon ce que rapporte le prêtre romain Cajus dans Euseb. Hist. Ecclesiast. III, 28 et Denys d’Alexandrie, ibid. VII, 25.
  2. Klee, Tentamen theotogic. de Chiliasmo. Mogunt., 1825.
  3. Iren.. Contra hær. V, 33, 34, p. 332 sq. Massuet cherche, dans son édition, à défendre saint Irénée contre cette erreur, mais ses preuves ne sont pas satisfaisantes.
  4. 1 Jean, I, 1-3 ; IV, 2 ; 2 Jean, 7 ; Ignat. ep. ad Ephes. c. 7-18 ; ad Smyrn. c. 1-8 ; ad Trallian. c. 9, etc. Niemeyer, de Docetis. Halæ, 1823.
  5. Iren. Contra hær. I, 26 ; III, 11 ; Clem. Alexandr. Strom II, 20 ; III, 4, ed. Potter. Venetiis, 1757, t. I, p. 490 sq. et 522 sq. Lange, les Juifs chrétiens, les Ébionites et les Nicolaïtes des temps apost. Leipzig, 1828.