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saint Paul[1], consolider son Église et en agrandir le rayon. Rien de mieux constaté que l’exil de saint Jean dans l’île de Patmos, quelle que, soit d’ailleurs, suivant les diverses traditions, l’époque où il eut lieu, que ce soit sous Domitien, Claude ou Néron[2]. Dieu, dans ses admirables décrets, destina précisément aux contrées où se propageaient les sectes des Ébionites, des Docètes et de Cérinthe, l’apôtre qui, dans la révélation des mystères divins, montra l’âme la plus pure, l’esprit le plus intérieur, l’intelligence la plus profonde. C’est par un inappréciable bonheur pour l’Église primitive, que Jean put défendre la vraie nature de Jésus-Christ avec son autorité apostolique, son zèle ardent et pur et son génie original et sublime. Ses travaux furent bénis et durables, car ils furent continués par les nombreux disciples qu’il avait réunis autour de lui[3]. Tels furent Papias, Polycarpe de Smyrne et Ignace d’Antioche ; ces évêques martyrs, si étroitement unis par la charité de Jésus-Christ, furent les gardiens et les défenseurs de la pure doctrine du Christianisme contre de dangereux novateurs.

Saint Jean ne combattit pas seulement de vive voix, comme le rapporte une ancienne tradition, les Ébionites, Cérinthe, et les Nicolaïtes[4] ; il le fit encore par écrit en rédigeant cet Évangile si essentiellement spiritualiste (εὐαγγέλιον πνευματιϰόν) qui est le plus sublime modèle de la contemplation et de la mystique véritable, ainsi que sa première épître, qui est comme la préface de son Évangile. Il ne faut pas cependant s’attendre à trouver, dans cette polémique de saint Jean, une lutte ouverte contre les hérétiques. L’apôtre dogmatise et réfute l’erreur par l’exposition de la

  1. Clem. Alexand. dans Euseb. Hist. ecclesiast. III, 29 ; Iren. Contra hær. III, 1 ; Origene dans Euseb. Hist. ecclesiast. III, 1.
  2. Euseb. Hist. ecclesiast. III, 18, 20 ; Tertull. de Præscr. c. 36 ; Epiph. Hær. LI, 33. Schubert, Voyage en Orient, etc. Erl., 1838, t. III, p. 427, dit : « Aujourd’hui encore Patmos n’est habité que par des chrétiens, qui se distinguent éminemment des autres et sont pleins de souvenirs historiques et vivants qui rappellent saint Jean et ne peuvent se rapporter qu’à son exil et aux circonstances qui l’ont précédé. »
  3. Iren. Contra hær.; II, 22, p. 148 ; Euseb. Hist. ecclesiast. V, 20.
  4. Iren, Contra hær. III, 11, n. 1.