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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

tôt, mademoiselle. Et, en quittant Tours… est-il indiscret de vous demander le chemin que vous comptez suivre ?

— Oh ! nullement ! Papa nous ramène à La Rochelle, où nous avons laissé notre joli yacht à vapeur. Nous avons fait le charmant projet de remonter les côtes de France jusqu’à…

— Jusqu’au Havre ?

— Mieux que cela ! Jusques à Calais ! Mais pourquoi parliez-vous du Havre ?

— C’est, dit Jean, que je ne pense qu’au Havre depuis que je suis sûr d’y entrer en possession des preuves de l’honorabilité de mon père, tué pendant la dernière guerre…

On quittait le château. Jean, en quelques mots, mit la jeune Anglaise au courant du grave motif de ses recherches, et parla de l’assistance que lui avait généreusement donnée M. Pascalet. Elle le plaignit beaucoup et le félicita de son énergie.

Sur la rive du Cher, la famille de sir William Tavistock retrouvait, reposés, les petits chevaux loués pour l’excursion à Chenonceaux. M. Pascalet était venu en voiture. On se sépara donc, mais en se donnant rendez-vous dans la soirée à Amboise.

— Surtout, c’est sans adieu ! Ne l’oubliez pas, Jean. En disant cela, j’ai mes raisons !

Ce furent les derniers mots de miss Kate.

Les raisons de miss Kate, le lecteur les devine sans doute : Jean les devinait bien ! La jeune fille songeait à obtenir de son père et du vieux savant l’autorisation de garder Jean, et de l’emmener à bord du yacht jusqu’au Havre où le petit Parisien tenait tant à se rendre.

Lorsqu’on se retrouva le soir, à Amboise, la chose fut discutée et accordée. M. Pascalet ayant pris une idée avantageuse de cette famille anglaise, pensait que Jean avait tout à gagner sous sa protection. Jean quittait le bon vieillard et l’ami Vidal avec regret, mais avec l’espoir de les revoir à Paris où l’historiographe comptait se rendre avant la mauvaise saison, le musicien ayant promis de l’y accompagner.

Une combinaison se présentait avant de se séparer : aller tous de compagnie à Azay-le-Rideau. Elle fut agitée ; mais M. Pascalet objecta qu’il tenait à visiter, vis-à-vis Amboise, le château de Pocé, important pour le plan de son ouvrage. Pocé est un ancien manoir seigneurial à mâchicoulis dont a pris possession une importante fonderie qui occupe cinq cents ouvriers.