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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

avec des trous, des gouffres, et des grosses chandelles de pierre qui pendent des voûtes…

— Oha ! fit l’Anglais d’une voix qui dispersa les enfants comme une volée de moineaux ; vô, la petite guide, allez-vous-en à l’école.

Le baronnet voulait « pâtir» tout de suite, tout de suite. — Mais lui dit-on, les chemins de fer ne sont pas à vos ordres. — Il paierait dix fois le prix des places : il voulait dépenser beaucoup d’argent…

Certes, Maurice et Jean avaient autant d’envie que lui de sortir et de Roquefort et de l’Aveyron.

Mais où le baronnet les conduirait-il ?

— Si nous allions à Paris ? suggéra Maurice. Hein ! c’est une idée… de flâneurs comme nous ?

— Paris était trop près de London !

Telle fut la réponse qu’il reçut.

Et maintenant, voici en un mot où ils se trouvèrent le lendemain matin : à Limoges ; — ayant passé une nuit en wagon. Tout ce qu’ils auraient pu dire de leur voyage, c’est qu’ils avaient soupé à Rodez, l’ancienne capitale du Rouergue, et, qu’au dessert, on leur avait servi beaucoup d’amandes : c’est le seul fruit du Rouergue, mais tellement abondant qu’il donne lieu à un commerce d’exportation de plusieurs millions de francs.

Avec un peu de bonne volonté, ils auraient pu ajouter encore que Rodez, chef-lieu de l’Aveyron, est une vieille ville bâtie sur une colline baignée par la rivière d’Aveyron.

Après Rodez ils n’avaient plus rien vu.

Dans la traversée du Lot, aux environs de Cahors, un statuaire grec qui visitait les musées de France, parla longuement d’une illustration locale qu’il appelait Zapetta. Il fallut beaucoup de bonne volonté pour comprendre qu’il s’agissait de Gambetta, qu’il traitait de philhellène et de « vrai ami. »

Un peu plus loin, Jean avait raconté à Maurice les impressions de son premier voyage à travers le Lot, au début de ses pérégrinations, lorsque Bordelais la Rose l’avait conduit de Bordeaux à Aurillac. En approchant de Brives-la-Gaillarde, Jean montra à Maurice l’endroit où la baronne du Vergier avait failli être étranglée en wagon par Jacob Risler et Hans Meister, — entre les tunnels de Montplaisir et de Galop.

Si les deux jeunes gens avaient voyagé avec moins de contrainte, ils auraient regretté d’avoir laissé à leur droite l’Auvergne — dont Jean dit des merveilles à son ami, — et à leur gauche, le Périgord, le pays de Montaigne