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Sans doute il a perdu, depuis les temps historiques, plusieurs affluents. Au commencement de notre ère, le Tibre recevait la Chiana tout entière, et par elle lui arrivait une partie des eaux de l’Arno.

Mais cela ne suffit pas pour expliquer la diminution considérable que le Tibre a subie.

Il me semble que son élévation primitive doit s’expliquer par un barrage naturel qui aura cédé un jour à la violence des eaux et leur aura permis de s’écouler vers la mer. Il se sera passé là ce que nos yeux nous montrent s’être passé sur plusieurs points de la campagne romaine, où l’on voit encore les rives des lacs et la rupture du barrage qui les retenait[1].

Dans cette grande débâcle, l’énorme volume d’eau qui se dirigeait vers la mer entraîna ces grandes masses pierreuses qu’il a déposées ça et là et qui attestent encore l’antique puissance des eaux.

Ainsi ou autrement, il est certain que les eaux du lac s’écoulèrent et que le sol sur lequel Rome devait s’élever reparut au jour une seconde fois avec sa configuration définitive.

La mer, le feu, les eaux douces, ont donc travaillé

  1. Si l’on cherche, pour le lac qui couvrait Rome, le point où la rupture a eu lieu, on est conduit a le placer vers le onzième mille sur la route d’Ostie, a l’endroit ou les collines de Decimo s’approcbent du Tibre, qu’elles ont pu jadis atteindre. Vers l’autre rive s’avancent des collines qui, sans doute, furent la continuation de celles de Decimo, avant que le Tibre les en eut séparées et que le lac, jusque-là retenu par l’obstacle, eût disparu en l’emportant.