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Tarquin, qui allait partout mendier des ennemis à sa patrie, se rend à Clusium auprès du puissant lar Porsena, et l’excite à venir défendre les droits des souverains menacés en sa personne, l’engageant à ne pas permettre que l’usage s’établit de chasser les rois[1], lui représentant que la liberté était une douce chose ; que, si l’on n’y prenait garde, elle finirait par s’établir partout, et que, si les rois ne défendaient les rois contre elle, tout serait bientôt nivelé ; que partout régnerait une déplorable égalité ; que c’en serait fait de la royauté, la plus belle chose parmi les dieux et les hommes.

Pendant que j’écris, plusieurs adressent des représentations toutes pareilles aux Porsenas de l’Europe en faveur des Tarquins de l’Italie, avec cette différence que ce qu’ils voudraient empêcher de s’établir dans ce pays c’est bien la liberté, mais c’est aussi une royauté nationale.

À l’approche de Porsena, une grande terreur se répand : les paysans de la campagne se réfugient sur les collines voisines de Rome, où les consuls font élever à la hâte des camps fortifiés pour les recevoir[2].

Le sénat, dit Tite Live, redoutait les citoyens autant que l’ennemi ; il craignait que la plebs, effrayée, n’ouvrit aux rois les portes de la ville et n’acceptât la paix avec la servitude.

  1. Tit. Liv., II, 9.
  2. Den. d’Hal., V, 22.