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souvenir des salines qu’il établit au bord de la mer et auxquelles faisait allusion la nature particulière de cette munificence.

Niebuhr a remarqué que dans les récits légendaires de l’antiquité les esclaves sont souvent mis à la place des vaincus, des sujets par le droit de la guerre, des serfs de la glèbe, des pénestes, et en général de cette partie de la population qu’on trouve presque partout admise dans la cité sans participer à l’égalité des droits politiques.

Nous verrons que la légende a fait une confusion de ce genre pour Servius Tullius. Elle a transformé en fils d’esclave, en ami des esclaves, celui qui abaissa l’aristocratie au profit des plébéiens, et c’est pour cela qu’il s’est appelé Servius, bien que son nom fût Mastarna ; c’est pour cela aussi que le dernier roi sabin s’est appelé Ancus[1] le serviteur. Par son nom comme par son rôle Ancus Martius est à quelques égards le prédécesseur de Servius Tullius.

Or, je remarque qu’à Rome les plébéiens, les affranchis, les esclaves, sont particulièrement sous la protection des divinités honorées par les Sabins. Diane protège les esclaves fugitifs[2]. Il en est de même de la grande déesse des nations sabelliques, Feronia ; l’esclave qui

  1. Ancus était un nom sabin (Val. Max., de Præn.), il est la racine d’Ancilla. Dans l’origine, il indique l’idée d’aide, de soutien ; aux État-Unis, Aider quelqu’un, c’est être son domestique ; les dieux Anculi sont des dieux qui aident, des dieux secourables. (P. Diac., p. 19-20.)
  2. Prell., Röm. Mythol., p. 283