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s’asseoit dans son temple se relève libre[1]. Tous les ans on sacrifiait dans le Vélabre aux mânes serviles[2] près du tombeau d’Acca Larentia, cette nourrice de Romulus au nom sabin et que l’on confondait avec la mère des Lares, divinités sabines.

La raison de cette sympathie de tout ce qui était humble pour la mémoire d’Ancus et de cette dévotion populaire pour les divinités sabines, il faut la chercher dans la politique des rois sabins, qui commença peut-être avec Numa, de douce mémoire ; dont on voit paraître quelques signes dans la conduite du bizarre Hostilius et qui semble, en dépit de la prison Mamertine, avoir gouverné au moins en partie la conduite du roi guerrier dont on fit le bon Ancus.

Cette politique était indiquée par les circonstances. En présence de cette fière aristocratie sabine d’où ils étaient sortis, de ces grandes familles qui avaient plusieurs milliers de clients, les rois sabins furent conduits naturellement à se chercher un appui dans la population latine ; ils s’efforcèrent au moins d’en conjurer et d’en désarmer la haine, ils protégèrent les plébéiens, les affranchis s’il y en avait alors, même les esclaves ; comme les rois de France protégèrent les communes contre les seigneurs, comme les empereurs de Russie ont pris l’initiative de l’émancipation des serfs.

  1. Serv., Æn., VIII,564. Feronia était la patronne des affranchies (Tit. Liv., XXII, 1.)
  2. Varr., De L. lat., VI, 24.