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la Campanie. Il le vendit à bas prix et le donna gratuitement aux plus pauvres.

La juste popularité que valut à Mælius cette honorable conduite déplut aux patriciens. De plus, en servant la cause du bien public il s’était fait un ennemi. On avait nommé préfet des subsistances (præfectus annonæ) Minucius Augurinus, et celui-ci malgré tous ses efforts n’avait pu diminuer la cherté des blés ; l’administration avait échoué là où le zèle plus intelligent d’un particulier avait réussi. En vain avait-elle employé ces tyranniques mesures dont elle s’avise partout quand elle n’est pas éclairée, et dont la république française après la république romaine devait fournir un si désastreux exemple. En vain avait-on forcé les citoyens à déclarer la quantité de blés qu’ils possédaient et à vendre tout ce qui dépassait les besoins de leur famille, réduit les esclaves à une très-mince ration, livré les marchands de grains à la fureur populaire ; le prix des grains, comme il arrive toujours en pareil cas, n’avait fait qu’augmenter, et on en était arrivé à une si excessive détresse que plusieurs, pour éviter les tourments de la faim, se voilaient la tête et se précipitaient dans le Tibre.

Ce malheureux Minucius auquel tout réussissait si mal dénonça Mælius comme ayant tenu chez lui de dangereux conciliabules, fait des amas d’armes, gagné des tribuns, choses dont Minucius se garda de l’accuser publiquement ; il ne démentit probablement